Mon premier réflexe avait été de ne pas en tenir compte, habitué et convaincu par les années qu'il n'y avait pas d'intérêt à porter grande attention à ce petit stress sans répercussion directe sur sa sécurité ou sa santé. Depuis ce même âge, j'avais refoulé ce traumatisme, je m'étais adapté...
L'enfant s'éloignait, ses larmes n'avaient pas coulées, peut-être vivions nous cela comme une victoire contre la détresse... Et tout d'un coup, alors qu'il s'éloignait de nous, l'enfant ne pouvant tout retenir laissa s'échapper un léger soupir, ou plutôt une renifle-ment, comme pour rattraper cette émotion qui voulait malgré tout s'ex-primer.
L'information m'a parcouru l'échine et comme le courant qui parcourt le fil de l'interrupteur vers l'ampoule de la lampe, je compris ce qu'il se passait ! debout en une demi seconde, je savais que cet enfant tentait de refouler une forte émotion de peur et de panique, mais plus important encore, je connaissais en ma chaire toutes les complications sociales que cela impliquait, de toujours minimiser ou taire sa détresse, de ne savoir demander de l'aide, n'y croyant plus, ou que la vie est dure et que c'est irrémédiable.
Debout, je fis remarquer en une phrases très courte de quoi il s'agissait à cet adulte: "Tu vois, c'est de ça dont j'ai souffert!"
Un quart de tour vers l'enfant et je m'envolais vers lui, non à son secours, mais faire ce que j'aurais tant aimé qu'un adulte eusse fait pour moi en telle circonstance : avec lucidité, simplement l'accompagner, apaiser ce stress presque invisible, et l'inviter par la reconnaissance de ses émotions à ne surtout pas les enterrer ni les oublier car elles sont justes et saines.
Pour guérir ma peur et ma panique j'ai eu besoin de rassurer, de reconnaitre et d'apaiser celle d'un autre.
Et ça nous a fait beaucoup de bien !